18 Octobre 2094 : C'est fait. Je viens de poser mes valises dans l'espèce d'orphelinat qui se situe à côté du centre de recherche national. C'est dans une petite campagne à côté d'Oslo, c'est pas si loin de la capitale mais pourtant, on est entouré par une épaisse forêt et des barbelets pour sécuriser le tout. Ça se comprend, c'est un centre de recherche qui appartient majoritairement à l'armée et il serait dangereux si un intrus venait à s'infiltrer dans les locaux sans autorisation. Pour ma part, si je suis ici, c'est parce que j'en ai eu le droit. Et c'est après de nombreux tests et de multitudes de recherches à mon sujet, mes antécédents familiaux et autres détails dont je n'ai toujours pas connaissances, qu'on a fini par m'accepter. Je suis étudiante en chimie, spécialisée dans la science des matériaux et notamment dans la nanotechnologie. Je n'ai actuellement que dix-sept ans, mais je vois déjà bien l'avenir que je souhaite avoir et je ferai tout pour y arriver. Être prise dans le plus grand centre de recherche de la Norvège est un honneur, pour moi et évidemment pour ma mère, qui ne souhaite que ma réussite. Elle est blessée, car je l'ai abandonné, seule dans les coins reculés du pays. Mais dès que j'en aurai l'occasion et surtout le permission, je lui rendrai visite pour sûr. Pour l'instant, le savoir et la connaissance m'appelle. Je n'ai visité que quelques salles, quelques laboratoires qui sont tous aussi intéressants les uns que les autres. Si je le pouvais, j'étudierai tous les domaines qui se rapprochent de près ou de loin aux sciences mais malheureusement, je n'ai ni le temps, ni les capacités intellectuelles pour faire ainsi. Il est dix-neuf heures, c'est bientôt l'heure pour moi de rejoindre la cafétéria afin de rencontrer mes nouveaux collègues et camarades d'étude. Je devrais certainement aller me préparer, mais j'ai encore énormément de choses à tapoter sur mon ordinateur, j'ai tellement d'histoires à raconter que je ne sais même pas par où commencer. Dans tous les cas, je sens que je vais me plaire ici. Du moins, je l'espère. Les haut-gradés ont l'air respectueux et ne nous regardent pas de façon condescendante. Je suppose que c'est une bonne chose ?
4 Janvier 2095 : Je pensais avoir plus de temps pour venir écrire dans mon journal. Enfin, venir « taper frénétiquement sur mon clavier » comme me dirait un ami. Enfin bref, je commence seulement à me rendre compte que c'est vraiment compliqué ce que je convoite. Mais plus il y a de challenges, mieux c'est n'est-ce pas ? J'ai l'impression qu'on essaie de nous bourrer le crâne avec des informations, des détails, des instructions, des procédés, des modèles, des projets. En parlant de projet, le lieutenant-colonel a convoqué cinq élèves. Les meilleurs élèves de la promotion dans laquelle je suis, et j'en fait partie. Je dois me rendre dans le laboratoire 52-C dans une heure, donc j'ai encore bien le temps de raconter ma petite vie super passionnante. Je pense que beaucoup de mes camarades sont en train d'abandonner. Ça fait deux semaines que je vois de moins en moins de mes coéquipiers. Certains sont partis sans prévenir, je trouve ça plutôt irrespectueux mais apparemment «
la pression était trop lourde pour leurs épaules frêles ». Pourquoi pas. De toute façon, on est en constante compétition parce qu'on souhaite tous rentrer dans les bonnes grâces de chaque scientifique de renom. Sinon, je n'ai toujours pas eu la permission de sortir de la base. Mais ça viendra sûrement. Il y a beaucoup de demandes, et je sais que les militaires ont d'autres choses à faire que s'occuper de l'aspect administratif. Je suis patiente et de toute façon, j'ai encore la possibilité d'envoyer des emails à ma mère, ou même de l'appeler une fois par semaine.
26 Février 2096 (enregistrement vidéo) : «
Putain. J'ai signé pour ça ? J'ai signé pour ça ?! Il faut que je parte. Que je parte. Partir. Loin. Juste m'enfuir, prendre les jambes à mon cou. J'essaie d'envoyer l'email à ma mère, mais la putain de connexion déconne. Ça fait dix minutes que j'appuie sur le bouton « envoyer » mais rien ne se passe. On m'envoie ce même message d'erreur, qui me dit que mon adresse IP n'est pas autorisée à envoyer des messages électroniques. Qu'est-ce que je dois faire ? Qu'est-ce que je vais faire ? Réfléchir, je dois réfléchir à quelque chose. » La jeune femme s'arrête soudainement. Son faciès se détourne de la webcam qui la filme. On peut entendre des bruits de pas, des voix masculines, rauques et sévères qui se dirigent vers elle. Elle se passe les paumes sur le long de son visage, dans des soupirs interminables. Mains tremblantes, elle serre la mâchoire et finit par planter ses prunelles sur le voyant de la webcam. «
Ceux que je pensais qui avaient quitté l'établissement en baissant les bras, n'ont en fait pas abandonné. Ils ne sont jamais rentrés chez eux. Ils n'ont jamais retrouvé leur maison. Ils sont simplement morts dans... » Elle inspire en fermant les yeux, essayant de mettre au clair les pensées qui circulent dans son essence perturbée. «
Des expérimentations. C'est l'bordel, ils se la jouent Frankeinstein. » Elle se lève et empoigna sa chaise par le dossier. Elle la fait traîner jusqu'à la poignée de la porte de l'espace où elle se trouve, et comme elle le peut, tant bien que mal cependant, essaie de bloquer l'entrée. Elle se repositionne devant son ordinateur. «
Ils arrivent. Ils veulent créer des armes. Armes humaines. Des gens avec des capacités... des capacités surnaturelles. Ils veulent jouer avec la Nature. Jouer avec ce que l'on est. Ils veulent... »
«
OUVREZ. » Le regard de Charlie se fait plus sombre. On peut voir qu'elle déglutit. Ses prunelles restent concentrées sur l'objectif, elle serre les poings, tout ses muscles sont tendus comme jamais. Jamais elle n'avait pensé affronter une situation telle, jamais cela ne lui avait effleuré l'esprit de devoir se sortir d'un pétrin aussi gigantesque. «
Ils veulent créer des mutants. A partir d'humains normaux. Ils vont à l'encontre de toutes libertés humaines et... » La porte tremble. Puis s'ouvre dans un grand brouhaha, laissant apparaître trois silhouettes imposantes. Charlie jette un dernier regard à sa webcam avant d'arrêter de filmer. Rapidement, elle met le fichier en pièce jointe sur la fenêtre où elle a commencé à écrire un mail à sa mère. Elle clique sur envoyer. Elle prie intérieurement. Pour que le tout s'envoie. «
Si vous ne vous vous débattez pas, tout pourra se passer dans une atmosphère calm- » Elle a en main un espèce de scalpel qu'elle a préalablement volé dans l'un des laboratoires où elle avait eu accès. Illégalement évidemment. Telle une furie, se prenant certainement pour une guerrière valkyrie en pensant pouvoir affronter trois grands gaillards, elle fonce sur eux, prête à tout pour sortir de la salle où elle est. Elle veut courir, partir. Elle essaie de les pousser, de briser la barrière qu'ils forment avec leurs corps. Mais rien n'y fait. Pourtant, elle y met toute sa volonté, si bien qu'elle en a souffre physiquement. Un coup dans le visage pour la calmer. Un seul coup pour la mettre au sol, pour la faire partir dans d'autres contrées imaginaires. Des rêves bien plus apaisants que ce à quoi elle allait se mêler. Elle voit flou durant une poignée de secondes, observant les gardes la soulever comme un sac à patates inutile. Elle allait devenir leur pire cauchemar.
ÉCHEC DE L'ENVOI.
≈≈≈
Allongée sur une table chirurgicale, Charlie avait les yeux dans le vide. Elle observait le plafond blanc, puis les murs ornés de carrelages de cette même couleur. C'était une pièce drôlement froide, qui affichait une couleur pure et pourtant, rien de bien saint ne s'y produisait. Autour d'elle, il y avait quatre individus habillés de combinaisons étranges et d'une couleur infecte. Une sorte de jaune délavé. Un fin sourire lui étira les lippes. «
Toujours des goûts de merde... » s'efforça-t-elle de dire. Mais elle arrêta bien rapidement la discussion, se rendant compte que ses efforts pour articuler ne serait-ce qu'une syllabe, lui faisait un mal de chien. Elle inspira profondément puis recouvrit ses iris de ses paupières. Elle entendait vaguement les gens s'approcher d'elle, mais elle ne voulait plus ouvrir les yeux. Pas pour voir les horreurs qui allaient lui faire. Malgré les anesthésies, elle sentait les objets tranchants venir se planter dans son épiderme. Néanmoins, la force pour crier n'était plus vraiment présente. Cela faisait combien de temps qu'on la traitait ainsi ? Elle avait perdu toute la notion du temps et avait cette impression qu'elle vivait dans une boucle infinie où elle était condamnée à survivre aux supplices de savants fous. Un homme frappa de toutes ses forces sur une table posée non loin d'elle, ce qui la fit frémir et sursauter. Elle était constamment tendue et ne connaissait plus une seconde de répit. Elle vivait dans une peur continue et même lorsqu'on lui disait que tout allait bien se passer, elle savait comment cela allait se terminer. Elle finissait souvent par s'évanouir, ou par ressentir des sensations étranges dans son organisme, dans ses propres organes. Parfois elle criait jusqu'à s'en faire mal, jusqu'à ce que ses cordes vocales n'en puissent plus. Cette fois-ci ne fut pas bien différente des autres. Ou presque. «
Bonne à jeter. Un déchet, elle est brisée. Physiquement et mentalement. On n'a pas besoin de faibles comme elle. Vous savez ce qu'il vous reste à faire. »
2100 ≈ Ils auraient pu la tuer. Ils auraient pu la garder dans leur local pour faiblards. Mais non. Ils la transportèrent dans un camion aux couleurs militaires, et la jetèrent sur le bord de la route. Ils se disaient sûrement qu'elle allait finir par mourir de faim, de soif, ou tout simplement succomber à ses blessures qui étaient, admettons-le, assez graves. Mais cette âme charitable, cet humain qui vit un corps gisant et inanimé sur le bord de la route, était arrivé au bon moment. Ronald. Ronnie pour les intimes. Un homme chaleureux, bienveillant, protecteur. Il n'avait pas que des qualités, mais elles étaient tout ce que Charlie pouvait voir lorsqu'il commença à s'occuper d'elle. Très vite, elle eut non pas un seul sauveur, mais deux. Desmond, le meilleur ami de Ronald, la prit lui aussi sous son aile. Pendant quelques jours, elle ne prononça aucun mot. Elle ne donna aucune information sur qui elle, ni d'où elle venait et ce qu'on lui avait fait subir. Peut-être était-elle sur écoute ? Peut-être que tout cela n'était qu'une autre machination du gouvernement ? Et elle ne voulait pas avouer ce qu'elle avait subi. Crainte des représailles, peur d'embarquer deux innocents dans sa possible chute. «
Charlotte. » Elle soupira en affichant un mince sourire, illuminant un faciès fatigué par des épreuves subies. «
Mais on m'appelle Charlie. Charlie Vanderbilt. » Les deux hommes la regardaient. Elle pouvait lire la curiosité dans leurs yeux, alors elle allait continuer. Pour assouvir leur désir de savoir qui elle était et pourquoi elle était dans un état aussi lamentable. Ils avaient certainement pu voir les nombreuses coupures sur ses avant-bras, ou même sur ses jambes. Elle hocha la tête de haut en bas, doucement, en se mordant la lèvre inférieure, comme perturbée de ce qu'elle pouvait leur énoncer. «
Étudiante en chimie. Je travaille sur les matériaux... » Ils froncèrent les sourcils. Ils ne voulaient pas savoir de telles informations. Enfin si. Mais ils leur semblaient qu'il y avait plus important. «
J'ai euhm... été mêlée dans de sales affaires. J'ai pas toujours été très... droite et loyale. J'ai une grande gueule, un comportement détestable et... et je suppose qu'on récolte tous ce que l'on sème. Un jour ou l'autre. » Fin de l'explication. Ils comprirent rapidement qu'elle ne voulait pas leur en parler aussi rapidement. Elle ne les connaissait pas, et réciproquement, ils ne la connaissaient pas. Pourtant, Charlie ne voulait pas les voir dans de sales draps par sa faute. Alors elle leur mentit par la suite. Admettant être dans un gang, qu'elle dealait de la drogue et qu'elle avait eu des problèmes lors d'une transaction qui se déroula salement. Ils la crurent sur parole. C'était bien plus plausible que le «
On a voulu m'transformer en mutant, mais j'suis tombée sur des incompétents. »
2101 ≈ Mariée. Était-ce un statut qu'elle avait songé, ne serait-ce qu'une seule fois, porter ? Une décision certainement prise à la va-vite, après une nouvelle qui la chagrina au plus haut point. Maman Vanderbilt n'était plus dans la maison familiale. Elle était partie aux Etats-Unis, chercher sa fille. Chercher Charlie. Ce fut ce qu'on lui dit quand elle voulut lui rendre visite, pour lui montrer que finalement, après tant de temps sans réel contact, elle était toujours vivante et que tout allait bien. Parce que la mère Vanderbilt continuait de recevoir des emails de la part de
Charlie, alors que cette dernière était la plupart du temps clouée à un lit d'hôpital dans l'ancienne base. Des messages montés de toutes pièces par des charlatans. Pour l'instant, la jeune femme n'avait pas les fonds nécessaires afin de vadrouiller sur le territoire américain. «
Desmond, tu peux pas en parler. » Elle arrêta son discours, alors qu'elle se pensait bien partie. «
Tu sais toute la vérité, mais je t'en supplie, je te le demande avec toute ma volonté. Ne. Dis. Rien. » L'interlocuteur poussa un soupir qui la laissa perplexe. Allait-il jouer l'être docile et simplement l'écouter, obéir sans broncher, ou allait-il encore trouver quelque chose à lui mettre sur le dos pour expliquer ses actions ? «
Tu veux que j'mente à mon meilleur ami, ton mari ? » Sincèrement ? Sortait-il encore cette histoire de mensonge ? Tout n'était que basé sur un simulacre, mais au moins, ils menaient une jolie existence. Sans problème, sans tracas. «
Oh c'est bon, fais pas l'innocent. T'arrives à mentir à ton meilleur ami en lui cachant le fait que tu couchais avec sa femme. » Punchline.
Puis,
trouble in paradise. Des cris se faisaient entendre dans l'habitation qui abritait les deux jeunes mariés. Cela ne faisait que quelques mois qu'ils étaient ensemble. Ils s'aimaient, sincèrement. Mais quand la réalité frappait au mauvais endroit, au mauvais moment, les disputes pouvaient éclater. Et celle-ci était loin d'être injustifiée. «
Donc pendant tout ce temps, tu t'es tapée Desmond ? » Rire jaune. La jeune femme restait immobile, les sourcils froncés qui faisaient un creux sur le bas de son front. Elle plongeait son regard clair dans celui de son mari, qui avait une expression bien plus ténébreuse et destructrice. Les prunelles sombres s'enfonçaient dans les siennes, y laissant échapper une certaine obscurité et un sentiment de chaos. Elle ne disait rien, et ne comptait pas réellement s'expliquer, surtout pas dans une situation où la colère dominait clairement. Mais quand il commença à la rabaisser, à l'insulter, à la traiter, à parler d'elle avec des termes très peu glorifiants, elle ne put s'empêcher de serrer les poings et de serrer la mâchoire. Sa lèvre inférieure mordillée frénétiquement, on pouvait presque voir ses membres trembloter. Et quand elle lui demanda gentiment de se calmer, ce fut certainement le commentaire pacifiste qui le fit sortir de ses gonds. «
Tu m'as menti pendant tout ce temps. J't'ai accordé ma putain de confiance. J'ai accordé ma confiance à une traînée, dont je ne connais finalement rien. Une profiteu- » Charlie était connue pour son impulsivité. Elle n'était pas douce, et certainement pas docile, même quand elle essayait de paraître ainsi. «
La ferme. Juste. Tais-toi. On en parlera quand on sera tous calme. Ou alors laisse moi juste m'expliquer. Desm- » Décidément, aucun des deux ne se laissaient terminer leurs phrases. Il s'approcha de son épouse, celle qu'il ne voyait plus du même œil, et attrapa brusquement l'un de ses poignets. Il resserra sa main autour de celui-ci, tandis que la jeune femme tendit son bras afin de se dégager. Mais rien n'y faisait. Elle était en colère. On ne lui laissait pas prendre la parole. Alors, elle plaça l'une de ses mains, celle de libre en l'occurrence, sur le torse de son mari et le poussa de toute ses forces pour qu'il recule et finisse par la lâcher. Mais la tournure fut toute autre. Une décharge électrique, bien plus qu'un simple coup de jus. Quelque chose qui fit tomber le jeune homme, et qui décida de son triste sort. Elle observa ses deux mains, confuse. Puis, quand elle s'approche de l'homme à terre et qu'elle approcha ses doigts fins près de son visage, elle vit ces étincelles qui s'échappait de l'embout de ses doigts. Puis, quand elle voulu poser sa paume sur le torse de son mari, elle les revit. Des petites décharges, qui s'exprimaient à l'intérieur même de son corps. Elle voulut le secouer, pour le réveiller mais à chaque fois qu'elle l'approchait de trop près, elle pouvait revoir cette lumière qui jaillissait d'elle. Elle paniquait. Si bien que lorsqu'elle voulut se calmer, cela ne fit qu'empirer les choses. Elle attrapa le téléphone fixe, mais il se contenta de frire sur place. Elle voulut alors prendre son téléphone portable, en respirant un bon coup, en inspirant et en expirant. Mais non. Non.
«
Tu pourras te débrouiller seule ? » Un simplement hochement de tête pour répondre. En réalité, elle avait peur de ce qui l'attendait. Elle n'avait jamais mis les pieds à l'étranger. Et son anglais était d'une médiocrité sans égale. Mais tout allait bien se passer, du moins, c'était ce qu'elle se répétait inlassablement. «
Quand est-ce que tu viendras ? » Il haussa les épaules, mais esquissa un sourire pour essayer de la réconforter comme il le pouvait. Si Desmond avait autrefois été son amant, ou plutôt une histoire de quelques soirs, elle le voyait désormais comme un frère qu'elle n'avait jamais eu la chance de posséder. Il lui avait permis de refaire ses papiers. De changer le patronyme de son mari en celui qu'elle avait hérité à la naissance. Elle retrouvait la Charlie Vanderbilt d'en-temps, avec quelques modifications dans le spécimen. Il déposa un baiser sur son front en lui ébouriffant les cheveux, puis s'en alla, la laissant seule dans l'aéroport. Prête à lever les voiles. A découvrir les États-Unis d'Amérique. A se construire une nouvelle vie, où elle allait devoir mêler vie sociale et capacité inhumaine.
Les six premiers mois furent difficiles. Adaptation. Changement. C'était complexe de vivre sur un sol dont on ne connaissait pas grand chose. Elle trouva de l'aide, par-ci, par-là, puis finit par mettre sur pied son propre établissement. Un bar, dans le Queens. Elle savait que cela allait attirer la clientèle, et usait parfois de ses charmes pour les amadouer. Elle avait, avec le peu de revenu qu'elle touchait, réussi à se payer un petit appartement dans un immeuble de Brooklyn. Ce n'était pas le meilleur quartier, mais elle s'y plaisait. Ou elle faisait en sorte de s'y plaire. Citoyens. Humains. Mutants. Mutés. Il y avait divers clans. Mais chacun se battait pour ce à quoi il croyait vraiment. Elle n'était pas l'exception à la règle. Elle n'était pas différente. Elle, elle croyait en la justice pour tous. La liberté de chacun. Elle ne supportait pas les discriminations, quelles qu'elles soient. Bien que mutée, elle n'avait pas la puce qui permettait au gouvernement de suivre ses moindres faits et gestes. Elle était un pantin désarticulé, qu'on avait jeté sur le bord de la route. Un pantin qui pouvait contrôler ses propres mouvements sans qu'on ne l'observe, sans que l'on sache qui elle était et ce dont elle était capable. Très vite, elle commença à chercher des individus de son espèce. Des
semblables. Et ce fut sans plus attendre qu'elle prit connaissance de cette fameuse organisation non-officielle et plutôt officieuse. S.H.I.E.L.D. Pourquoi pas ?