« Mais Dieu, il dit pas qu'on doit aimer tout le monde ? Y'a une astérixe, avec " sauf eux, et elles, et eux aussi, ceux là sûrement pas ? "

J'esquive la claque. Insolence d'une rébellion. Je n'ose pas dresser le menton trop haut. Je ne comprend juste pas. Lâcheté d'une âme immortelle. Pâleur mortelle d'une fraternité brisée, trop jeune pour se risquer à encourir le fracas parental. Mais je ne comprend pas. En quoi c'est mal d'aimer les hommes, si l'on aime ? Dieu, l'amour, la compréhension du prochain, c'est jeté aux orties ? Apparemment, c'est une question d'éthique. On aime, oui, mais pas tout le monde, il ne faut pas déconner.

On grandit. La violence est sous-jacente, comme un tatouage, une ancre marquée dans la peau, une marque rougeoyante entachant le nom de ma famille. J'essaye de protéger mon frère, mais je n'en ai pas le courage physiquement. Quand les coups pleuvent, dans la brutalité fait place, emportant l'humanité et l'amour, je me cache. Comme un enfant. Je met mes mains sur les yeux, mais mes oreilles entendent tout. Les bruits se gravent au fer rouge dans mon coeur d'adolescent. Des fleurs pourpres s'épanouissent sur la chair de mon frère. Et, de peur de n'être frappé à mon tour, je me glisse sous un lit, dans les ténèbres rassurants des ombres de l'enfance. Rien de tout cela n'est réel. Et si, dans mes fantasmagories d'enfant, j'ai cru qu'un jour, un super-héros viendrait nous sauver de cette folie déraisonée, de ces meurtres de l'esprit, j'en vis rapidement mon deuil. Ce fut Shawn qui se sauva lui-même, en partant.

L'âge de raison, l'âge de l'adulte. L'âge où l'on peut faire ce que nous dicte notre coeur, notre esprit, notre vie. Echo d'un blond plus grand que moi, je délaisse ma famille. Je suis une tare, une tâche, qui souille la piété de grandes personnes. Je suis un pauvre strip-teaser qui vend son corps au démon, qui agite la tentation sous le nez d'innocents. Innocents, mon oeil. Si il y a un enfer sur terre, je viens de le quitter, et les démons ne sont autres que vous. Les illusions éclatent, les bulles de savon de la jeunesse se font rares dans l'automne d'une vie trop rapidement déchantée.

« Paraît que t'es strip-teaser ? Le mot est craché comme une insulte. Je hausse un sourcil, en arrêtant de ranger mes cours. Un sourire amusé fleurit sur mes lèvres.« Oui, c'est vrai. Pourquoi, tu veux un pass VIP ? La fille rougit, ses copines gloussent. Mon super-pouvoir à moi, c'est d'être beau. « T'as pas honte ? Enfin, j'veux dire, tu pourrais faire autre chose ... tente t-elle de se rattraper, sans savoir où poser son regard. Je penche la tête sur le côté, repose mon classeur sur la table et me redresse de toute ma haute taille. Je la toise, toujours en souriant ; ça les met mal à l'aise, ces dindes. « Ca me plaît. C'est un autre univers. Pourquoi je voudrais faire autre chose ? Et puis, ça rapporte, ça permet de payer le loyer. Je compte pas faire ça toute ma vie. Je hausse les épaules. Elles froncent les sourcils ; pourquoi les gens ont-ils toujours besoin de juger les autres ? Qui sont-elles pour émettre un avis sur ma vie, sur les actions que je mène ? « Je t'arrête là - je prends es cours sérieusement, je bosse pour payer ma vie. T'as pas à me dire quoi faire. Sur ce, je te laisse, ma mignonne, j'ai un boulot à remplir. Clin d'oeil à l'appui. Je m'éloigne, ni fier ni honteux. Shawn au moins m'a apprit ça - garder sa nature, sa façon d'être, sans la jeter au visage des autres ni la garder pour soi. Je souris. Shawn, dont le sourire disparaît, dont les rires ont fanés, dont la fierté semble se glacer dans son coeur. Shawn, mon frère, mon grand frère, mon appui.

« Tu es vraiment mignon, Luska. La femme me caresse la joue. Je me lève et lui sers un verre de champagne. Nous sommes dans une salle privée. Elle est pétée de thunes. Elle est vieille. Son visage est ridé, son maquillage trop voyant. Mais elle a une façon de vous regarder - comme si vous n'existiez que pour elle. C'est agréable. Et elle est gentille. « Pour les gens comme moi, l'argent fait tout, tu sais. L'argent domine le monde. « Moi qui croyais naïvement que c'était la violence primale et ancestrale je murmure doucement en passant ma main sur mon cou. Elle rit - un son de cloche, cristallin. Je l'observe doucement. Désabusés, nous le sommes tout les deux. Wilde sort de mon sac et vient dire bonjour à la vieille dame. « Tu es encore jeune. Tu n'as pas le droit d'être déjà cynique. C'est l'apanage des vieux - laisse-moi au moins cela.

Wilde vient nous dire bonjour, puis se pose à côté de ma cuisse droite et nue. Heureusement que c'est chauffé, ou j'attraperais rapidement froid, en caleçon à paillettes. Les tenues du club sont ridicules, mais de toute façon, je ne les garde jamais longtemps. Je caresse les poils doux de la bestiole, qui réclame d'un couinement du fromage. Frida le lui offre, prenant sa part sur le plateau de petits-fours qui nous a été servi. « Tu es le plus étrange des strip-teasers que je connaisse. Tu n'as plus essayé de me séduire quand je t'ai expliqué que j'étais là pour autre chose que regarder. Tu aimes les serpents et les araignées, au point que tu m'as fait une discussion passionnante en dansant. Tu as une façon ophidienne de te mouvoir. Et tes paroles ... Tu es étrange, Luska. Je souris, et me lève, m'approche d'elle et me penche sur son fauteuil, en appui sur les accoudoirs de mes deux mains. Nos deux visages sont proches ; je sens son odeur de renfermé, camouflé par des effluves de parfum sucré. « J'aime nos discussions. C'est toujours mieux que quand les clientes me demandent pour coucher. Tu n'as plus ce problème là, toi. Elle a un sourire cruel. Elle effleure mes côtes de ses ongles, y laissant trois traces rouges, enflammées, mais pas de sang. On n'abîme pas le matériel. La musique continue, et je me remet à danser, les yeux fermés, serpentin, ondulant. Et je la sens, qui m'observe, jalouse, envieuse, revivant une jeunesse dans la sueur qui perle sur ma peau pâle, résurgences des souvenirs sensuels, écho d'une vie passée.

« Je me fous que maman veuille me parler. Il n'y a que Shawn à qui je veuille encore adresser la parole. Salut. Je raccroche négligemment, mais une certaine colère bouillonne en moi, mâtinée d'une peur viscérale. Les coups qui heurtent, les insultes qui griffent. C'est autant pour moi que pour Shawn que je suis parti. Je l'avais toujours préféré. Il était mon grand frère, celui qui m'aidait dans mes devoirs. Celui que j'aimais au point de l'abandonner quand il était cruellement battu. Je m'en veux encore pour ça, aujourd'hui. Le seul en qui j'ai confiance. Le seul de ma famille à mériter encore ce nom de frère, de parent. Et ce qui m'inquiète, c'est son sourire disparu. Je joue un instant avec le téléphone, puis je compose un numéro. « Yo, Shawn. Tu as deux minutes ? ... Comment ça va ?

Je n'ai ni honte ni fierté dans ma vie. Je bosse pour moi, pour payer les factures. Pour manger. Je veux devenir psychologue, comprendre les gens, pourquoi certains prônent l'amour, mais avec des conditions, savoir ce qui se cache sous ces caboches inconnues, ces crânes intéressés. Je veux faire renaître le sourire de mon frère, faute de pouvoir panser ses blessures et camoufler ses cicatrices. Si j'ai été lâche, si je ne suis toujours pas courageux, au moins serais-je doux et gentil. Au moins, je serai un homme. Un frère.

Ta fiche est parfaite. J'aime la façon dont tu t'es appropriée Adel. T'imagines même pas le merdier que tu fous en le mettant étudiant en psychologie. J'ai tout de suite penser qu'il allait chercher à analyser Shawn, et je n'ai pas tort hein ?


◮ Devine quoi, tu es validé. Sérieusement. Maintenant que cette dure étape qu'est la fiche de la présentation est passée, tu dois t'offrir corps et âme au staff tu peux d'ores et déjà aller recenser ton avatar juste ici.

◮ N'oublie pas non plus d'aller recenser ton métier ainsi que ton pouvoir si tu es un mutant. Ensuite, passe donc faire un tour pour créer ta fiche de lien juste ici ainsi que ta fiche de topic par là.

◮ Et pour finir, n'hésite pas à te rendre sur la CB si ce n'est déjà fait. Promis, on ne mord pas (totalement) ! De plus, tout le staff espère que tu te plairas sur le forum. Maintenant file donc rp, flooder, bref : t'amuser.