La haine. Partout, à perte de vue, autant ancrée dans les esprits qu'exprimée à haute voix. Alors monsieur Hastings, le père de famille, il râle. Il ne se gêne pas pour casser du sucre sur le dos des mutants dont les dernières actions décrites dans le journal sont encore à blâmer. Car lui, comme madame Hastings, détestent ceux-ci depuis maintenant de nombreuses années. De leur crainte est née cette intolérance qu'ils transmettent comme ils peuvent à leurs enfants. Que ce soit à leur plus jeune fils Jonathan ou bien encore le plus âgé, Dorian, qui semble déjà plus neutre à leur égard. C'est pour eux un cycle, un mot d'ordre qui se doit d'être transmit pour leur descendance à venir. Comme le fait qu'il n'y a jamais eu de mutant dans la famille et qu'il n'y en aura jamais – si seulement ils avaient su. Dans tous les cas, ils sont certains qu'ils montrent le meilleur chemin à prendre à leurs progénitures. Deux beaux garçons bien portant avec un avenir prometteur. Ils veulent s'en assurer. Et s'ils tournent déjà leurs espoirs vers Dorian, l'aîné, le cadet Jonathan est visiblement le plus réceptif des deux. C'est d'ailleurs en raison de cet environnement familial que peu à peu, son intolérance prononcée pour les mutants, sa haine envers ces derniers se forme. Tout d'abord alimentée par ses géniteurs, c'est au fil des années qu'il se fait ses propres avis – dans le mauvais sens. Il découvre la jalousie, réalisant les possibilités des mutants que lui ne pourra jamais avoir, puis évolue alors cette crainte qu'on lui a enseigné. La haine s'est bien installée, bien développée, et continue encore de le faire. C'est désormais trop tard. Elle ne pourra jamais s'en aller. Liée à tout son être telle une deuxième peau, déterminée à ne faire qu'une bouchée de ces erreurs de la nature. Voilà de quelle manière il les considère. Et voilà que déjà, ses projets d'avenir se forment sur cette haine.
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Les belles années. Tandis que ses pupilles se tournent vers l'une de ses camarades très réceptive au sein de la salle, sa langue glisse lentement sur sa lèvre inférieure. Elle prend son temps, aguicheuse, certaine de son coup. Et déjà, Jon sait comment tout cela va se terminer : leurs deux corps collés contre la porte des WC, s'adonnant aux vices de la chair. Car il vient d'attraper ce poisson dans son filet comme tant d'autres avant. Alors sous le regard visiblement agacé du jeune professeur – pour une raison comprenant certains sous-entendus, il continue son petit jeu jusqu'à la fin du cours.
Un an passe. Depuis tout ce temps, depuis dix-sept ans, jamais Jonathan n'a su s'engager dans une relation à long terme avec quelqu'un. Pas sérieusement. D'une part en raison d'un manque de confiance résultant lui aussi probablement de son éducation, de ses parents, mais aussi car il lui faut goûter à plusieurs parfums pour se sentir comblé. Il n'a jamais su se contenter d'un seul, d'un unique. Et pourtant. C'est lors de cette période d'adolescence qu'il commence une relation avec Shawn – qu'il trouve particulièrement à son goût. A l'époque, il se laisse entraîner dedans car il n'a rien à perdre. Car il prend beaucoup plus de bon temps avec ce dernier qu'il ne l'aurait à la base pensé.
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Chamboulement familial. Lorsque tout se brise finalement après tant d'années de stabilité, lorsque tout est dévoilé. La relation de son frère Dorian avec une mutante éclate au grand jour et Jonathan n’accueille pas la nouvelle avec un sourire ni même de la satisfaction. C'est tout le contraire. A l'instar de ses géniteurs, le cadet rejette catégoriquement le fait que son aîné puisse être tombé sous le charme d'une mutante. Pas après toute leur éducation reçue, pas après tout ce que James et Ellie, leurs parents, ont fait afin de révéler ces non-humains sous leur vrai jour : des plaies. Dans tous les cas, ce n'est pas négociable. Le verdict est levé : Dorian et sa mutante doivent rompre sous les menaces bien réelles sur la vie de celle-ci. Et bien évidemment, Jonathan est le premier à soutenir leurs géniteurs dans cette affaire – prenant déjà l'amourette de son frère comme une trahison. Il n'arrive pas à le croire. Un membre de sa propre famille qui ose prendre en pitié ces mutants et qui va même jusqu'à les défendre. Dorian devient méconnaissable pour Jon. Sa haine touchant bien évidemment cette mutante s'immisce peu à peu en direction de son aîné. Jusqu'à totalement l'atteindre quelques jours plus tard. Si le plus âgé des Hastings décide finalement de rompre pour préserver sa douce, il décide également de partir à l'étranger sans prévenir. C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase : à partir de ce moment là, quelque chose se casse en Jon. Ne supportant pas un tel acte, tout lui reste coincé dans la gorge. Il ne compte pas oublier ni effacer les fautes commises par frère, s'il peut encore l'appeler ainsi.
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Un nouveau lieu de vie. Au début, tout est toujours beau. Plein de dynamisme. C'est un nouveau quotidien qui se met en place, balayant clairement l'ancien pour le plus grand plaisir de chacun. Et peu importe s'ils vont trop vite : la jeunesse elle, n'aime pas attendre. Car c'est à peine sortis du lycée que Jonathan ainsi que Shawn – avec qui il est toujours en couple s'installent ensemble dans un appartement. Cela ne dérange aucunement les parents de Jon : malgré leur intolérance envers les mutants, ils ne le sont pas en ce qui concerne les orientations sexuelles et encore moins celle de leur fils. De plus, celui-ci est désormais assez grand pour ne plus avoir besoin de leur approbation concernant certaines choses – tout comme il n'est plus obligé de vivre chez eux. Pourtant, même éloigné de son foyer d'origine, le coup de Dorian reste toujours en travers de la gorge. La plaie récente ne s'est pas refermée. Il n'en a pas parlé à Shawn mais ce dernier n'a pas besoin de savoir : il a juste à satisfaire ses envies au lit. Non, Jonathan n'est pas amoureux de son petit-ami. Oui, il joue avec lui depuis le début. Pourquoi il reste avec lui depuis tout ce temps ? La raison est toute simple : leurs parties de jambe en l'air et l'excellente endurance de Shawn au lit. Ces batifolages lui permettent de se défouler, de se faire plaisir en virant ainsi l'espace d'une soirée voire d'une journée son frère aîné de son esprit.
La lassitude. Lorsque celle-ci commence à s'installer, presque tout s'étiole. Et la relation entre Shawn et Jonathan est touchée de plein fouet après un moment passé ensemble. Ceux-ci ne se voient plus autant qu'avant voire presque plus du tout – la faute aux soit disant études de son petit-ami. Alors Jon, lassé de se contenter d'une seule et unique personne qui n'est pratiquement jamais là, décide d'aller voir ailleurs. Décide qu'il n'a pas à se priver pour lui faire des infidélités – surtout lorsque ce dernier est absent. Durant quelques temps, tout roule. Le jeune homme s'en sort très bien. Il joue certes à un jeu dangereux mais est confiant quant à ses mensonges : pour l'instant, Shawn n'a pas découvert le pot aux roses. Puis arrive le fameux soir où Jonathan ramène une autre femme à l'appartement. Un coup d'une nuit comme il en a quotidiennement lorsque son petit-ami est absent. Sauf que là, ce dernier rentre plus tôt que prévu et les prend sur le fait, en plein acte, signant l'arrêt de leur relation mensongère depuis le début. Tant pis pour lui. Au final, Jon se dit que c'est sûrement mieux ainsi – bien qu'il regrette ses énergiques batifolages avec Shawn.
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Une base solide. Finalement, c'est ce dont Jonathan avait besoin. Après sa rupture avec Shawn, contraint de se trouver un nouvel appartement, il n'a pas tardé à emménager à Manhattan – disant d'ailleurs adieu à ses affaires oubliées chez ce qui est désormais l'appartement de son ex. Peu importe. Au fond, il s'en moque. Il n'a rien laissé d'important et s'habitue peu à peu à son nouveau quotidien de célibataire libertin. C'est un peu comme au bon vieux temps au lycée, avant sa relation à long terme avec Shawn. Quand il ne se gênait pas pour enchaîner les conquêtes sans devoir s'en cacher – la belle vie pour lui, en somme. Et là, dans son appartement, il est certain de ne pas se faire virer par un petit-ami ayant découvert ses infidélités. Il en a même profité pour adopter deux chats une fois le premier mois passé : un adulte surnommé Lucky et un plus jeune répondant au nom de Fuzz.
Vers la fin de ses vingt-cinq ans, après un peu plus d'une année et demi passée au sein du HAMMER – qu'il a rejoint durant sa relation avec Shawn sans l'en avertir, Jon décide d'intégrer la Milice : pour son plus grand plaisir ainsi que celui de ses géniteurs très fiers de leur fils. Si déjà, rien que dans le HAMMER, il atteignait une partie de ses projets, la Milice comble encore plus ceux-ci. Il a toute confiance en lui dans sa réussite. Pourtant, avant de devenir un membre de cette partie de l'organisation pour de bon, il n'échappe évidemment pas aux six mois de formation militaire. Se donne à fond durant cette période. Est plus que jamais déterminé. Puis enfin, au bout de cet entraînement intensif, Jonathan est définitivement intégré à la Milice.
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Profiter. Puis jeter aux ordures ce qui gêne après l'avoir utilisé. En parallèle à son job au sein de la Milice, Jonathan accumule les conquêtes et histoires d'une nuit. Hommes ou femmes, tout est bon à prendre du moment que cela ne dure pas. Et un soir, il tombe sur Charlie avec qui il partage le même lit le temps d'une nuit. Le temps d'une conversation sur l'oreiller – après l'acte qui se dégrade finalement lorsqu'un sujet est mis sur le tapis : les mutants. En vérité, le vrai problème n'est pas le sujet en lui-même mais bien le fait que Charlie se mette à les défendre, grillant totalement l'ambiance pour Jon. Ni une ni deux, ce dernier n'attend pas plus longtemps avant de se jeter sur sa conquête. Il déclenche un combat – nu entre eux tout en se moquant de leur position actuelle. Il a été contrarié et ce n'est pas passé. En revanche, Charlie étant boxeur professionnel, il prend le dessus sur Jonathan qui le vire finalement de chez lui (totalement nu). Ce n'est que plus tard qu'il commence à douter : ce dernier pourrait être un mutant. Pour en savoir plus, Jon tente de lui faire de nouveau du charme qui ne marche malheureusement pas. L'autre sent suffisamment l'entourloupe pour ne pas hésiter à lui foutre un poing. A malmener, encore une fois, sa fierté. Mais lui ne compte pas lâcher l'affaire de si tôt.
Il y a environ trois ans, Jonathan rencontre tout juste sa désormais amante quotidienne par le biais de l'un de ses potes. Bien que celle-ci soit à l'époque encore en couple avec ce dernier, cela ne l'empêche pas de lui faire du charme – visiblement bien intéressé. Pourtant, même s'il sent qu'il lui fait de l'effet, elle ne craque pas aussi facilement. Une proie difficile. Jon aime ça. Ce jeu de charme continue encore quelques temps jusqu'à ce que l'ami du jeune homme ne découvre leurs manigances. Rompant avec Jameth, réglant ses comptes avec Jon, celui-ci ne repart pourtant pas les mains vides : en effet, c'est depuis ce moment qu'ils entretiennent tout deux leur relation charnelle régulière. Lui qui pensait que cela ne durerait que le temps d'une nuit ou au mieux une semaine, ça persiste encore maintenant. Mais si ça marche aussi bien, c'est aussi car Jameth est un peu comme lui à ce niveau là. Qui se ressemble s'assemble – pour l'instant.
Récemment, c'est le frère aîné de Jonathan qui vient de refaire surface. Après tant d'années durant lesquelles il avait finalement réussi à le virer de son esprit, en venant même à se considérer comme fils unique, Dorian ose revenir. Alors bien entendu, Jon ne l'accueille pas à bras ouverts. Il lui en veut, ne s'en cache pas, et tombe une nouvelle fois de haut – en même temps que leurs géniteurs à l'annonce qui suit son retour : un fils. Son frère a un fils. Ce qui n'est pas une mauvaise nouvelle en soit. Le vrai problème, c'est que cet enfant est le fruit de sa relation passée avec la mutante dont il s'était entiché, désormais décédée : et ce dernier a hérité du même gêne. Dorian déçoit une énième fois sa famille, bousille la descendance des Hastings sur toute la ligne. Bien évidemment, Jon n'est pas prêt de considérer le fils de ce dernier comme de sa famille. Sa haine est trop forte pour cette erreur. Alors pour le moment, ne pouvant malheureusement pas agir, il se contente de régulièrement le menacer dans le dos de son aîné avec une grande hâte de lui faire enfin la peau. Dans les règles. Pour cela, il attend avec impatience l'instant où Andy, son neveu, fera un pas de travers. Pour qu'il puisse le mettre six pieds sous terre.