Aujourd’hui est une belle journée. Pour Benny de nature plutôt joyeux et optimiste presque toutes les journées sont de de belles journées, mais aujourd’hui les habitants de New York ont l’air d’être d’accord. Le soleil brille, le ciel bleu est élégamment nappé de quelques nuages blancs et une brise agréable vient adoucir la chaleur de l’après-midi. Les touristes se baladent joyeusement dans les rues au milieu des locaux. Les jolies filles ont sortit les robes, les jupes et les mini shorts de leur placard.
Benny lui a sortit son accoutrement du placard d’un autre mais il a quand même su trouver à sa taille et à son goût. Un bermuda kaki et un débardeur rouge laisse apparaître des membres un peu plus musclés et poilus que ceux de ces demoiselles. Des tatouages et cicatrices, vestiges d’une vie passée mouvementée demeurent sur son corps mais son sourire géant et la gentillesse sincère qui se dégage de lui poussent souvent les gens à fermer les yeux sur ces détails.

- Un frapuccino à la fraise ! commanda Benny tel un enfant à un vendeur de glace. Des étoiles dans les yeux.
- Tall, Grande ou Venti ? répondit machinalement la petite brunette à la caisse.
- Le plus grand que vous avez !
- On a du Trenta aussi.
- C’est grand comment ça ?
La jeune femme sortit un verre en plastique de sous le comptoir presque aussi grand qu’un seau à champagne. Benjamin hésita une demi-seconde avant de se laisser aller à la tentation.
- Ah aller, fuck le beach body. Va pour du Trenta !
- Avec de la chantilly alors ?
- Plein !
La serveuse se dérida légèrement devant cet adulte à l’apparence de brute si enthousiaste à l’idée de se faire un festin sucré. Elle prit alors un marqueur noir pour marquer le nom du client sur le seau.
- Votre nom ?
- Carl.
- Attendez… hésita la jeune femme avec un petit sourire espiègle. Vous étiez pas venu la semaine dernière ?
- Ohh vous vous souvenez de moi ? C’est trop chou ! répondit l’usurpateur empli de surprise et de joie.
- Oui et la semaine dernière vous vous appeliez Robert !
- Quoi vous trouvez pas que j’ai une tête de Carl ? répondit Benny, pas du tout déstabilisé. Il se recula d’un pas pour observer son accoutrement. Moi j’trouve que j’ai une tête de Carl aujourd’hui !
La jeune femme rigola mais la queue de clients la força à couper court à cette conversation pour aller préparer la boisson.
- Alors… C’est quoi ton vrai nom ? ne put-elle s’empêcher de demander alors qu’elle lui tendit le verre où elle avait inscrit un gros point d’interrogation sur le verre à la place du nom qu’il lui avait donner.
- Si tu m’appelle, tu peux m'appeler comme tu veux ! lui répondit-il avec un sourire, un petit clin d’oeil et son numéro de téléphone écrit sur une serviette en prime. Elle rigola et il s’en alla heureux avec sa gigantesque boisson en main.

Bien sûr qu’elle ne l'appellerait pas et cela valait bien mieux. La jeune fille devait avoir bien 10 ans de moins que lui et bien que le côté badboy mystérieux pouvait plaire au comptoir, la jeune fille n’aimerait sûrement pas se faire prendre avec quelqu’un avec l’allure de Benjamin Kokua. Mais flirter était amusant et Benny ne vivait que pour ça. S’amuser et siroter de délicieuses boissons sucrés un beau jour ensoleillé.

Benjamin ne prenait pas sa deuxième gorgée de fraise et de chantilly en sortant du café que quelque chose ou plutôt quelqu’un attirait son attention. Une autre brunette. Non, Benny n’est pas un chasseur de femme mais il cru reconnaître la passante et lui emboîta instinctivement le pas.

- Hey ! appella-t-il lorsqu’il libéra sa bouche de la grosse paille verte. Pressant le pas, il se glissa devant la jeune femme pour mieux la voir. En effet, il connaissait cette personne. Hey toi ! Alaska c’est ça ? se souvint-il rapidement. Il ne se souvint pas seulement de son nom mais aussi des circonstances dans lesquelles ils s’étaient rencontrés puis quittés. Pas les meilleures, mais ça n’empêcha pas Benny d’être empli de joie et d’excitation.
- Ça fait un bail ! Ça gaze ? Dans sa question, légère et anodine se cachait un soupçon d’inquiétude qu’il se força à chasser.

La dernière fois, ce n’était pas une rencontre fortuite qui les avait poussé à se connaître. La dernière fois la jeune fille avait faillie se faire kidnapper sous les yeux de l’ex-taulard. Elle ne semblait pas non plus être dans une très bonne période de sa vie et Benjamin aurait été prêt à l’aider autant qu’il pouvait si elle ne l’avait pas chassé. Depuis, le nom de la petite Alaska était resté dans un coin de son esprit. Un léger regret de n’avoir pas été un peu plus insistant pour s’assurer de la sécurité et du bien être de la jeune fille.

- T’en veux ? proposa-t-il alors avec un grand sourire bienveillant en tendant son seau de boisson rose.